AAMIAC comportement de l'enfant

Les problèmes de comportement de l'enfant




Madame Le Maire Sabine, psychologue, a eu la gentillesse de venir nous parler des problèmes comportementaux de l'enfant, comment les comprendre et comment y faire face. Voici les thèmes abordés :

Le respect du rythme de l'enfant est, en fait, la clef. Tous les enfants n'évoluent pas au même rythme et progressent à leur façon. Tenir compte de leur évolution personnelle, en étant à leur écoute, nous permet d'attendre des enfants une attitude qu'ils sont aptes à comprendre, à répondre, et à tolérer.

 

L'agressivité

L'agressivité des petits est une stratégie, un moyen d'obtenir ce qu'ils veulent.

Pour ne pas favoriser cette attitude, il faut : avoir un bon rapport affectif avec l'enfant, ne pas laisser l'agresseur gagner (il ne faut pas qu'il obtienne ce qu'il veut par un tel comportement), ne pas montrer de signe d'énervement (l'attitude des adultes a toujours valeur d'exemple, si on s'énerve au moindre conflit, il en fera autant).

 

Quand l'aggressivité se manifeste par la colère

Cette colère a un sens, elle exprime la frustration, la peur, la peur de l'abandon, l'envie d'être autonome...

La conduite à tenir :

Face à une colère, il faut garder son calme. Pour les enfants de 18 mois/4 ans, toute frustration est prétexte de crise, obéir est insupportable... Pendant la crise, il n'entend rien, il ne se contrôle pas lui-même, le contraindre renforce ses cris... Le mieux est de laisser à l'enfant un temps pour décharger cette énergie, le laisser crier, soit en l'ignorant, soit en le mettant à l'écart et surtout ne pas céder. Car si cette colère paie, s'il réussit à avoir ce qu'il veut de cette manière, il s'en souviendra et réutilisera cette technique pour parvenir à ses fins.

Après une colère, il faut aider l'enfant à se reconstruire et ne pas rester sur cette colère : s'il est isolé, une fois calme, on peut le rappeler. C'est à l'adulte de faire le premier pas, d'arrêter le conflit, et de lui montrer que, malgré sa colère, il l'aime toujours.

L'enfant peut aider à réparer ce qu'il a fait, demander pardon, aller ramasser ce qu'il a jeté. Il faut lui expliquer qu'il a le droit d'être en colère, mais n'a pas le droit de détruire ou de faire mal.

Une fois la colère passée, à l'adulte de réfléchir pourquoi cette colère est survenue : est-ce que l'adulte sait lui imposer des limites et s'y tenir ? Est-ce bien clair pour l'enfant que ce n'est pas lui qui commande ? Est-ce que l'adulte est un bon exemple ? Si l'adulte s'énerve vite, l'enfant réagira d'autant par emportement.

Si l'adulte est énervé, il peut très bien dire à l'enfant, qu'il a besoin de calme, de respirer, l'enfant peut le comprendre, et s'en servira peut-être d'exemple.

 

Comment éviter une colère

Dès les premiers signes de colère, il faut détourner l'attention de l'enfant sur quelque chose qui l'intéresse "regarde il y a un oiseau sur la branche..."où lui dire, qu'on a bien entendu, qu'on a compris et aller dans son sens, sans pour autant céder : l'enfant veut des bonbons au magasin, on peut très bien lui dire que "c'est vrai, ils ont une belle couleur, ils ont l'air d'être très bon, et qu'on en achètera la prochaine fois".

Il faut appliquer une méthode où il n'y a pas de perdant, en négociant : "ok, tu peux jouer encore 5 minutes, mais après tu viens prendre ton bain". On a obtenu ainsi que l'enfant obéisse sans déclencher un conflit.

Pour que cette méthode fonctionne, il faut, une fois l'accord trouvé, faire respecter cet accord. Après les 5 minutes de jeu, il doit venir prendre son bain.

Si de guerre lasse, vous lui redonnez encore 15 minutes pour avoir la paix, votre accord n'en était pas un, et votre parole perd de sa crédibilité. Il aura eu ce qu'il voulait : rester jouer ! Et la prochaine fois, il s'en souviendra et réappliquera la même technique : colère pour avoir ce qu'il veut. Donc il faut se tenir à ce qu'on dit et le faire appliquer.

Bien sûr tout ne se négocie pas, il faut être ferme, l'adulte doit avoir le dernier mot.



Le NON

C'est une étape du développement, une crise d'opposition normale et inévitable, il faut être ferme, calme et compréhensif et ça passera tout seul.

Le non, en fait, n'est pas un refus réel, l'enfant essaie, teste, veut s'affirmer, ne veut pas qu'on lui impose, et s'il fait ce qu'on lui demande, c'est parce qu'il le veut bien. Il s'oppose dans les actes, parfois jusqu'à l'épreuve de force, d'où les colères...

conduite à tenir : respecter sa nouvelle personnalité, la crise passera vite dans la souplesse et non dans l'autorité. Il est bon de se montrer intransigeant sur les choses importantes, pour le reste, il faut négocier. Il faut être le plus possible dans le positif dans nos expressions et l'enfant nous imitera. Avec les plus jeunes, ce n'est pas la peine de discuter, prenez-les doucement par la main, et tout en bavardant, emmenez-les là ou vous souhaitez, à table, au bain...

 

l'enfant n'est pas sage

Un enfant a besoin d'attention, il aime qu'on s'occupe de lui et la qualité de l'attention donnée à l'enfant montre l'amour qu'on a pour lui.

Il faut mettre en évidence que lorsqu'un enfant est sage, lorsqu'il joue tranquillement, on ne s'occupe en général pas de lui et s'il crie, il occupe le terrain, attire ainsi l'attention de l'adulte.
Si bien que si le fait d'être sage entraîne d'être laissé tranquille, il sera préférable de faire du bruit ou des bétises. Mieux vaut être grondé que ne pas être vu.
Pour l'enfant, c'est une stratégie pour qu'on s'occupe de lui. Il faudrait donc donner suffisamment d'attention à l'enfant lorsqu'il est sage, afin de ne pas lui donner la sensation d'être ignoré, et l'envie de se faire remarquer.

Un petit enfant un peu malade, fatigué, ou affamé a beaucoup plus de mal à se montrer gentil et à se comporter comme on l'attend de lui, de même qu'un enfant qui a été perturbé ou destabilisé par un événement de vie (déménagement, changement de mode de garde, naissance...). Mieux vaut le savoir, afin d'anticiper et éviter les situations qui pourraient poser un problème...



l'enfant grognon

Un enfant est parfois grognon, jamais content, "chouine" pendant des heures. Il s'exprime comme un bébé qui chercherait à attirer attention et pitié. C'est une passe difficile, mais patience et bonne humeur, en viennent à bout.
Les enfants grognons sont généralement des enfants sensibles, anxieux, qui n'aiment pas le changement; la faim, la fatigue sont vite insurmontables, ils veulent un adulte disponible et protecteur.
Etre grognon est peut-être, aussi, un moyen d'attirer l'attention et la reconnaissance : a-t-il un temps de jeux , de câlins suffisants avec l'adulte ? Peut-être s'intéresse-t-on plus à lui quand il râle et beaucoup moins quand il est sage ?


Le refus de partager

Ne pas vouloir partager est normal, c'est une étape, et cela évolue avec le temps. A 2 ans, tout ce qu'il voit est à lui et pour lui. A 4 ans il respecte, sait attendre son tour et partage.

Expliquez clairement ce que vous attendez de lui : vers 2 ans, l'enfant commence à être sensible aux notions de justice et de réciprocité. C'est le moment de lui expliquer que s'il emprunte un jouet, il peut en prêter un en échange. Et que chacun devra rendre ce qu'il a pris. Favorisez la coopération et l'entraide. Les enfants qui prêtent sont ceux qui ont compris qu'ils y ont intérêt.

Il faut beaucoup de temps à l'enfant pour assimiler ce concept de partage, il est inutile d'insister, cela viendra tout seul.


L'enfant mordeur

Quand un enfant mord, il faut essayer de voir pourquoi il mord, est-ce par jeu, par jalousie, par bagarre... et résoudre le problème en conséquence. Si un enfant mord pour décharger un trop plein d'énergie, on peut lui proposer un jouet qu'il pourra mordre, au lieu de mordre ses petits camarades.


Limites et autorité

Dès le plus jeune age de l'enfant , il faut poser des limites et les faire respecter.

Jusqu'à un an, les gros yeux et le haussement de voix suffisent en général à faire respecter ces limites.

De 12 mois à 2 ans, l'enfant veut décider de tout, l'adulte doit fixer des interdits pour la sécurité de l'enfant, instaurer des règles faciles et cohérentes, et être ferme. Se limiter à quelques exigences raisonnables, respectueuses et en accord avec l'âge de l'enfant est un gage de réussite.

Il est normal que l'enfant s'oppose et pousse l'adulte à bout, mais il est souhaitable qu'il trouve en face de lui une volonté supérieure à la sienne qui sache faire preuve de la fermeté nécessaire. Même si l'enfant prosteste pour la forme, il est sécurisé s'il se sent guidé par des adultes qui savent où ils vont et défendent ce en quoi ils croient.

Une fois les règles et interdits définis, il va falloir les faire appliquer. La première étape est de les expliquer brièvement, avec des mots simples "tu ne touches pas à la porte du four, parce que tu risquerais de le brûler. Cest interdit.". La seconde est de les répéter chaque fois que nécessaire. La troisième étape est d'appliquer les conséquences : féliciter et encourager largement l'enfant qui obéit, sinon, montrer sa réprobation. Il peut être nécessaire de punir "si tu lances encore une fois de l'eau hors de la baignoire, tu sors du bain", mais en étant économe en menaces : pour être efficaces, elles doivent être suivies d'effet.

Autant certains comportements de l'enfant sont inacceptables ( pour des raisons de sécurité entre autre), autant il doit se sentir totalement accepté et respecté dans ses désirs et dans ses émotions. Il a le droit d'être en colère, mais pas de frapper sa soeur. Il est essentiel de bien lui faire sentir cette différence : lui est aimé, pas ses caprices.

 




En résumé :

Les enfants connaissent les stratagèmes qui leur permettent d'obtenir ce qu'ils veulent, c'est à nous de les mettre en place et de les favoriser. Il faut leur apprendre des stratégies, autres que la colère, les pleurs, pour arriver à leurs fins. Face à une colère, un caprice, il ne faut pas céder, céder c'est donner à l'enfant un moyen d'obtenir ce qu'il veut et ce sera par la suite difficile de se faire obéir.

Ecoute, patiente, calme, compréhension et fermeté de la part de l'adulte évitent bien des conflits et permettent à l'enfant de s'épanouir sereinement.

L'enfant cherche à tester les parents qui n'ont pas la même attitude de fermeté, il peut même s'amuser à les provoquer, simplement pour le plaisir d'obtenir une réaction. Ces périodes sont très éprouvantes pour les adultes, surtout s'ils ne sont pas résistants.
Mais l’enfant peut avoir à sa disposition d’autres stratégies comportementales pour l’aider à atteindre son but, à réaliser sa pulsion de plaisir. Si la stratégie de l’insistance n’a pas abouti, il essaiera la séduction. Ou bien ce sera la cachotterie, la dissimulation et plus tard le mensonge. Devant ces stratégies de recherche et de réalisation du plaisir immédiat, stratégies propres à l’enfant, l’adulte tente d’adopter diverses attitudes qui favoriseront l’intégration de l’enfant dans la société. La stratégie de retardement du plaisir est très souvent pratiquée. Elle semble bonne car elle apprend la patience et l’effort. Certes, cette éducation le conditionne, mais elle le fait d’une façon positive pour développer chez l’enfant une personnalité souple, facilement adaptable à la réalité. Ces principes serviront de points de repères, l’enfant les intégrera lorsqu’il sera suffisamment mûr, c’est à dire quand il se connaîtra mieux et qu’il comprendra les codes de conduite des adultes qui l’entourent.

                                                                                                                                                                                                                     

 

L'ENFANT